Compte rendu de la visite de Barbara Spinelli au centre fermé pour étrangers «127bis »

Compte rendu de la visite de Barbara Spinelli au centre fermé pour étrangers «127bis » et de la rencontre avec des représentants de la Coordination des sans-papier dans le centre occupé “La Voix des Sans-papiers”, à Molenbeek.

Le 14 Juillet 2015 à Bruxelles

Ce mardi 14 juillet Barbara Spinelli et son collègue Miguel Urbán Crespo (cofondateur de Podemos) ont rencontré des travailleurs du monde associatif et des militants pour les droits des personnes migrantes et ils ont visité le centre fermé pour étrangers « 127bis » de Steenokkerzeel, près de l’aéroport Zaventem à Bruxelles. La visite était précédée d’une rencontre et d’un échange de vues avec les représentants de la Coordination des sans-papiers (mouvement composé de différents collectifs de migrants bruxellois) dans le centre occupé “La Voix des Sans-papiers”, 184 Boulevard Leopold II à Molenbeek-Saint-Jean.

Voici un compte rendu de la visite.

Il a été écrit par Chiara De Capitani – assistante accréditée de Barbara Spinelli – qui a accompagné les deux euro-parlementaires dans leur visite-enquête.

Les noms ont été changés afin de préserver les personnes concernées.

“La Belgique a été gentille avec moi”, nous dit la première femme sans-papier que nous rencontrons dans l’immeuble occupé du 184 Boulevard Léopold II  assise sur un matelas sans couvertures, “Qu’est-ce que tu attends de ce pays?” “Je souhaiterais un travail, et des papiers en règle”. L’ordre des revendications semble tout à fait casuel mais on ne peut ne pas remarquer que sa première requête est de contribuer à la société, avant d’avoir elle-même les mêmes droits des réfugiés et autres résidents en règle. Pulchérie vient de Guinée et a demandé l’asile en Belgique en 2011, la procédure est toujours en cours et, en attendant, elle réside avec 6-7 autres personnes dans une chambre d’environ 14m² à « L’occupation de La Voix des Sans-papiers » au Boulevard Léopold II à Molenbeek, commune de Bruxelles. Tabitha, qui dort sur un matelas double avec ses deux enfants dans la même chambre de Pulchérie nous raconte que bien que n’ayant pas de papiers, son enfant aîné va quand même à la crèche et apprend le néerlandais.

Ce n’est qu’une des nombreuses chambres occupées de cette maison de maître qui, malgré la taille insuffisante, abrite jusqu’à 200 personnes sans papier en contemporaine. Tout le monde se sent comme part d’une grande famille, les locaux sont très propres et l’espace est partagé avec solidarité, malgré les conditions de vie extrêmement difficiles. Le bâtiment n’a pas d’eau courante, toutes ces personnes doivent se doucher grâce à des seaux d’eau, ni le gaz ni le chauffage marchent: pendant l’hiver un four à micro-ondes sert à la fois comme cuisine que comme chauffage pour les 5 personnes résidantes dans une autre chambre d’environ 11 m².

La maison occupée par les résidents est de propriété d’un particulier qui semble avoir accepté bon gré mal gré la présence des résidents abusifs (la plus part de fois à cause d’un héritage en indivision). Même attitude transigeante, mais arbitraire, chez la police et le bourgmestre : ce dernier peut d’un moment à l’autre commander l’évacuation. Les factures d’électricité ont été payées, dans le cas que nous examinons, par des syndicats.

Les résidents, tous sans papiers, viennent principalement de Mauritanie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali et Niger. Ils travaillent où aimeraient travailler, se sentent déjà partie de cette société qui tient leur vie dans un limbe, et à laquelle ils ne peuvent contribuer pleinement tant qu’on ne leur laissera une chance. En effet, “comment une société défendant les valeurs d’égalité, de fraternité, de justice et de liberté, peut‐elle accepter que 150.000 personnes vivent sans aucun droit ?” revendique le Front d’Action des Migrants [1].

La solution serait la régularisation du statut de résident: il arrive que la Belgique régularise ses résidents irréguliers pour des raisons humanitaires, médicales, de travail, où parce que les demandeurs sont sujets à une procédure d’asile excessivement longue. Les régularisations sont toutefois très sporadiques, et les résidents ainsi que le Front d’Action des Migrants demandent un cadre juridique intégrant une procédure de régularisation qui soit basée sur 5 critères permanents, inscrits dans la loi, et qui puisse se dérouler devant une commission indépendante.

Les cinq critères devraient être à leur avis les suivants:

  1. L’existence d’une procédure d’asile de longue durée (3 ans, compris la durée de la procédure auprès du Conseil d’Etat),
  2. L’impossibilité d’être rapatrié dans le pays d’origine,
  3. Le fait d’avoir des attaches sociales durables dans le pays d’accueil, ou des circonstances humanitaires à faire valoir
  4. Le fait de disposer d’un projet de contribution socio-économique en Belgique
  5. Le fait d’être gravement malade ou handicapé

Après cette visite et ces rencontres, on s’est dirigé vers le centre fermé pour étrangers « 127bis » de Steenokkerzeel.

Barbara Spinelli avait déjà visité le 19 Décembre 2014 un centre italien d’identification et expulsion (CIE) à Rome (1, 2), centre qu’elle a dénommé “un zoo pour êtres humains”, où les besoins plus primaires étaient niés où sévèrement rationnés. La visite au « 127bis » a été une expérience très différente: on pourrait y voir un hôtel low cost avec de nombreux services primaires que le centre en Italie n’offrait point. Ceci étant dit, c’est un hôtel encerclé de trois grillages d’affilée de 4 mètres de haut, que les “hôtes” ne peuvent quitter et où ils ne peuvent se promener librement. Qui limite leur vie, leurs plaisirs, leur promenades dans la cour du Centre, même leurs lectures. C’est une prison avec les murs couleur rose saumon et une télévision écran plat pour ses détenus.

Ce centre – comme pour rappeler visuellement la privation de liberté de mouvement qu’il organise –  se trouve tout près de l’Aéroport de Bruxelles-National: quelle terrible ironie, pour des « condamnés aux transferts » voulus par le Règlement de Dublin, d’assister en permanence au décollage d’avions allant partout en Europe sans aucune restriction pour les passagers de citoyenneté européenne. En effet, la majeure partie des détenus est enfermée au 127bis dans le cadre du système prévu par le Règlement de Dublin, et attendent d’être renvoyés dans le premier État Membre par lequel ils sont rentrés dans le territoire de l’Union.

Nous rencontrons la nouvelle directrice du centre, qui travaille pour la “détention humaine des migrants illégaux “: combien d’oxymores en une phrase d’à peine 5 mots ! Elle nous semble bienveillante et vouloir contribuer à rendre cet espace plus viable, mais c’est le système même à être par sa nature concentrationnaire: l’idée même que des personnes qui n’ont commis aucun crime se retrouvent privées de liberté est un concept cruel, insensé, et pourtant il fait partie de la quotidienneté des États Membres de l’Union Européenne. Même ce centre qui essaye de répondre à nombreux besoins de ses résidents n’arrive à cacher sa nature carcérale. On s’en souvient vite en visitant la cellule d’isolation: 8m carrés en pierre avec un matelas, un WC, une minuscule fenêtre qui s’entrouvre à peine.

Nous apprenons qu’un détenu afghan du 127bis a tenté le suicide le 6 juillet dernier, et nous en discutons avec la directrice. Emmené à l’hôpital, à son retour au centre il a été menotté et placé en isolement, sans aucune possibilité de communiquer avec sa compagne: ainsi ont écrit les journaux. En général les autorités veulent imposer le silence sur ces drames, comme ce fût le cas lors d’un autre suicide, début avril, au centre fermé de Merksplas dans les Flandres.

Nous commençons notre visite dans une petite pièce où les futurs détenus laissent leurs biens: la liste des choses qu’ils ne peuvent porter à l’intérieur du centre est longue et inclut tout GSM ou appareil donnant accès à internet: la raison ne peut qu’être répressive. Nous remarquons qu’ils ne peuvent même pas porter de lecteur MP3, la directrice nous assure que l’interdiction d’entendre la musique ou d’autres enregistrements est en effet absurde : depuis le début de la nouvelle gestion, les détenus peuvent porter les appareils avec eux (mais pas dans la cellule d’isolement, dont le caractère doit évidemment rester punitif. Même les livres étaient interdit en isolement, jusqu’à une date récente).

Nous rencontrons ensuite la jeune psychologue qui travaille avec les résidents. Elle n’hésite pas à avouer qu’elle traite “des symptômes normaux à cause de leur situation anormale”. Elle voit beaucoup de détenus et peut les écouter en plusieurs langues grâce à des interprètes. On apprend aussi que la prescription de médicaments antidépressifs où de somnifères a lieu de manière contrôlée (normalement, on nous dit, un infirmier appelle le docteur qui après consulte un psychiatre avant de prescrire ces médicaments). Selon le docteur qui nous accueille, les somnifères sont donnés en général pour un maximum de 10 jours (ce qui n’est pas le cas dans la majeure partie des centres en Italie, confirme Barbara Spinelli dans l’échange avec le médecin).

Après la cellule d’isolation, nous passons à la “chambre conjugale”, où les détenus peuvent rencontrer leur conjoint(e) après un mois de détention: la salle contient un lit double et une toilette avec douche privée (autre différence par rapport aux CIE italiens). À côté de la chambre se trouve une petite salle de fitness, l’accès à cette salle n’est tout de même pas libre et on doit demander d’y avoir accès. Cela nous semble paradoxal que tout mouvement où besoin humain de personnes libres et non condamnées pénalement soient contrôlés et préfigurés dans autant de petites salles. Chaque détenu dispose de 2 heures de promenade par jour, dans une cour du centre (le temps est drastiquement limité pour les « condamnés » à l’isolement).

Nous arrivons aux “résidences” des détenus: un long couloir avec des petites chambres une à côté de l’autre, une salle pour fumer, un réfectoire avec une télévision écran plat et une autre salle avec une petite télévision. Nous visitons les locaux: les espaces sont tout petits et les chambres à coucher qu’il nous est donné de voir ont beaucoup de lits simples entassés un à côté de l’autre avec des petites armoires. Le réfectoire a des tables, des sièges et une télévision, la salle pour fumer quelques sièges et un allume-feu incorporé au mur. Le baby-foot au milieu du couloir est le seul mobilier avec quelques couleurs et est entouré de personnes.

Les murs sont toujours couleur pastel: vert petit-pois, jaune, rose saumon… Mais toutes ces jolies couleurs n’arrivent pas à cacher le désespoir et surtout le terrible ennui des résidents qui viennent nous parler. Sardar Agha, un jeune afghan sur la trentaine, est tellement habitué à être emprisonné dans des centres qu’il se limite à souligner les raisons pour lesquelles il préférait le centre fermé de Heathrow par rapport à celui-ci (les raisons premières étant l’espace, les horaires flexibles pour l’accès à la cour, ainsi que la présence d’un ordinateur avec internet).

Comme en Italie, comme en Espagne, tous les détenus demandent pourquoi ils sont là, ils ne comprennent pas, beaucoup ont vu leurs familiers mourir où disparaître. Ils aimeraient juste recommencer leur vie et se sentent au contraire suspendus dans le vide, au risque d’être refoulés dans leur pays tant que leur statut de réfugié ne leur sera pas reconnu. Difficile, minoritaires comme nous sommes au Parlement européen, leur donner une réponse encourageante.

Reza, après avoir vu son père mourir en Afghanistan a décidé de fuir et entrer en Europe en passant par la Bulgarie, où il va être transféré maintenant: que doit-il faire là-bas? Il ne connaît personne, il ne parle pas le bulgare, et sait que les conditions d’accueil et d’intégration pour les demandeurs d’asile sont mauvaises; “Il y a pas de travail pour eux, figurez-vous pour moi! Je veux juste contribuer à la société et aurait beaucoup aimé pouvoir le faire ici où j’ai un ami arrivé il y a quelques années”.

La majeure partie des détenus a pris la fuite de pays à haute reconnaissance du statut d’asile en Europe: Afghanistan, Pakistan, Somalie. Beaucoup travaillaient, étudiaient à l’Université, pensaient à former une famille. Nous sortons du centre avec l’impression d’avoir assisté à une rationalisation, un embellissement et une banalisation du mal. Peindre les locaux couleurs pastel et permettre aux gens de voir la télévision leur permettra peut-être d’oublier l’arbitraire privation de leur liberté? Nous ne le pensons pas.

Chiara De Capitani
Bruxelles, le 14 juillet 2015

[1] Le Front d’Action des Migrants (FAM) inclut: le collectif Mobilisation 2009, La Voix des Sans-papiers, groupe Ebola, collectif des Afghans, Mrax, Crer, Resf, Kids Parlement

Visita al centro di detenzione per stranieri 127/bis di Steenokkerzeel

Brussels 13/07/2015

Visite d’une délégation GUE/NGL au centre fermé 127bis de Steenokkerzeel

Ce mardi 14 juillet une délégation composée de deux Membres du Parlement européen – Miguel Urban et Barbara Spinelli (GUE/NGL) –, de travailleurs associatif et de militants pour les droits des migrants se rendra au « centre fermé pour étrangers » de Steenokkerzeel, le tristement célèbre « 127bis ». La visite sera précédée d’une avec des représentants de la Coordination des sans-papiers, à partir de 12h30 à l’occupation de La Voix des Sans-papiers, 184 Boulevard Léopold II à Molenbeek.

Cette rencontre a pour but d’échanger avec les migrants, sur leur vécu et leurs revendications au sujet de la politique d’enfermement pratiquée en Belgique et à travers toute l’Europe.

Six centres fermés sont aujourd’hui en fonction en Belgique, pour un total d’environ 8000 personnes enfermées par an. Dans l’ensemble de l’Union européenne et avec la sous-traitance du rôle de garde-frontière aux pays frontaliers, les centre sont passés de 190 en 2005 à 250 en 2008, et leur nombre ne cesse de croître. Ce sont ainsi des dizaines de milliers de personnes qui sont enfermées par an au seul motif qu’elles ne disposent pas d’un titre de séjour valable.

Outre son coût financier exorbitant et son caractère inutile, cette mesure a des conséquences dramatiques sur la vie des personnes qui y passent.

C’est pour s’opposer à cette politique migratoire européenne gouvernée par une logique sécuritaire et restrictive que des parlementaires, et acteurs de la société civile font régulièrement usage de leur droit de visite dans ces centres, en Belgique comme ailleurs.

À une Europe qui emprisonne, qui stigmatise et rejette les migrants, nous opposons une Europe ouverte et réellement solidaire, pour l’ouverture des frontières, la fermeture des centres fermés et une régularisation des personnes migrantes.

—————————————————

GUE/NGL delegation to visit 127bis detention centre in Steenokkerzeel

Tomorrow, July 14, GUE/NGL MEPs Miguel Urban and Barbara Spinelli together with associations and activists working for the rights of migrants will visit the infamous “127bis detention centre for foreigners” in Steenokkerzeel just outside Brussels.

The visit will be preceded by meetings with representatives of the Coordination of undocumented immigrants from 12.30 at their centre “La Voix des Sans-papiers,” 184 Boulevard Leopold II in Molenbeek.

This meeting aims to exchange with migrants about their experiences and their demands on the policy of retention in Belgium and throughout Europe.

Six closed centres now exist in Belgium, representing a total of some 8,000 people locked up per year. Throughout the European Union, where the role of border guards has been outsourced in border countries, the number of centres rose from 190 in 2005 to 250 in 2008, and they continue to grow. There are therefore tens of thousands of people who are locked up every year solely because they do not have a valid residence permit.

Other than their exorbitant and unnecessary financial costs, these measures have dramatic consequences on the lives of people who pass through these centres.

To show their opposition to the EU’s restrictive and security based migration policy, parliamentarians and civil society regularly make use of their right of access to these centres in Belgium and elsewhere.

In a Europe that incarcerates, criticises and rejects migrants, we call for an open and truly united Europe, for the opening of borders, the closure of detention centres and the regularisation of migrants.


Si veda anche:

Compte rendu de la visite de Barbara Spinelli au centre fermé pour étrangers «127bis »

 

Durata della detenzione amministrativa per migranti e richiedenti asilo

DATE: July 6, 2015

AUTHOR(S):
Marie-Christine Vergiat, Tanja Fajon, Dennis de Jong, Nathalie Griesbeck, Cecilia Wikström, Martina Anderson, Ernst Cornelia, Barbara Spinelli, Kostas Chrysogonos; Jean Lambert; Ulrike Lunacek, Malin Björk

SUBJECT: Lenght of administrative detention

TEXT:

The directives “Return” (2008/115/CE) and “Reception” (2013/33/UE) state that foreigners and asylum seekers may be detained only in exceptional circumstances, for the shortest time possible, according to the principle that detention is only an exception to the fundamental right to freedom.

In its Communication on return policy (28.3.2014), the Commission (EC) noted that 12 Member States (MS) decreased the legal detention time limit. However, if compared to the total number of detainees, this decrease affects less than 10% of them.

In some MS, as Cyprus and Belgium, foreigners are kept in detention, despite the lack of reasonable prospects of removal. The detention period of some of them may be extended beyond the legal time limit (Belgium) or indefinitely (Greece) in violation of the provisions of above-mentioned directives.

1) Isn’it necessary, according to the EC, to make compulsory for all MS the publication, at least annually, of average, cumulated and prolonged lengths of detention by category of detainees (woman, man, child, asylum seeker etc.), including awaiting for removal?

2) What concrete measures does the EC plans to take to end the excessive detention periods observed in some MS and constituting a risk of inhuman and degrading treatment?

EU 2013 – The Last Frontier

Bruxelles, 24 giugno 2015. Intervento di Barbara Spinelli in occasione della proiezione del film “EU 2013 – The Last Frontier” di Alessio Genovese e Raffaella Cosentino. 

Incontro-conferenza organizzato da Laura Ferrara (gruppo EFFD – Movimento 5 Stelle), Ignazio Corrao (EFFD – M5S), Barbara Spinelli (gruppo GUE/NGL), nel quadro della preparazione del Rapporto di iniziativa strategica sulla situazione nel Mediterraneo e la necessità di una visione globale delle migrazioni da parte dell’Unione europea (relatori: Cécile Kyenge e Roberta Metsola. Ignazio Corrao e Barbara Spinelli sono “relatori ombra” per i rispettivi gruppi).

Oratori:
Costanza Hermanin – Open Society Foundation
Stefano Galieni – LasciateCIEntrare
Prof. Fulvio Vassallo Paleologo – Università degli Studi di Palermo
Marco Valli – MEP gruppo EFFD
Maria Giovanna Manieri – Picum

Apertura

Grazie Laura Ferrara, grazie Ignazio Corrao, grazie a tutti voi che siete qui.

Interverrò brevemente perché dopo il film avremo comunque modo di discutere. Sono molto curiosa di vedere questo documentario poiché più che mai è necessaria, oggi, una contro-informazione. Ho appena saputo dal regista Alessio Genovese che il suo film, scandalosamente, non è mai stato trasmesso in televisione. Ma forse non è così scandaloso come sembra ma del tutto naturale, del tutto voluto: le immagini reali vengono occultate, si fa politica solo con l’immaginario. Ciò è parte della strategia della paura che in questo momento permea con tanta forza l’Unione europea, la sua “natura”. Sono colpita da quella che, a mio avviso, sembra una stretta sempre più pericolosa, fatta di disinformazione, di paure, di gioco sulle cifre: si parla di esodi biblici che bisogna fermare quando alcuni paesi hanno vere difficoltà e veri aumenti di afflussi di immigrati (è il caso della Grecia o dell’Ungheria), e altri no, e tra questi c’è anche l’Italia. Non c’è un esodo, un picco emergenziale in Italia. Siamo davanti a un dato strutturale – ogni sei mesi arriva un certo numero di immigrati – con cui bisogna fare i conti.

Continua a leggere

I costi delle politiche della Fortezza Europa

Bruxelles, 2 Luglio 2015. Discussione nella Commissione Libertà, Giustizia e Affari Interni sui “fondi europei destinati agli affari interni nel contesto delle migrazioni e dello sviluppo, ivi compresi i fondi di emergenza”.

Il dibattito si è svolto nel quadro del rapporto di iniziativa del Parlamento Europeo sulla “Situazione nel Mediterraneo e la necessità di una visione olistica dell’immigrazione da parte dell’UE”. Hanno presentato rapporti i seguenti oratori:

– Prof. dr. Jörg Monar, rettore del Collegio d’Europa, Bruges;

– H. J. Koller, capo dell’Autorità responsabile, ministero della Sicurezza e della Giustizia dei Paesi Bassi;

– Gabriel Barbatei, capo dell’unità per l’attuazione dei programmi appartenente all’ispettorato generale per l’immigrazione.

Intervento di Barbara Spinelli:

“Come relatore ombra del gruppo GUE/NGL, vorrei presentare alcuni punti riguardanti non solo i costi delle politiche di accoglienza, ma anche quelli legati alla chiusura delle frontiere, in corso nell’Unione.

Comincio dai Fondi dedicati alle politiche europee di contrasto dell’immigrazione “irregolare”. Politiche che si traducono sempre più in carcerazioni, respingimenti, rimpatri forzati, e che hanno un costo molto elevato del quale si parla assai poco. Si preferisce guardare ai costi dell’accoglienza e dell’inclusione, per lamentare un presunto danno al sistema di welfare. Eppure nel 2014 sono stati identificati 441mila migranti irregolari, nel territorio dell’Unione. Di questi, 252mila hanno ricevuto un provvedimento di espulsione e 161mila sono stati realmente rimpatriati. I respingimenti sono stati 114mila.

Continua a leggere

La Fortezza Europa a Ventimiglia

Bruxelles, 17 giugno 2015

Schierando la Gendarmerie nationale al confine di Ventimiglia, il governo francese afferma di non aver violato né sospeso il Trattato di Schengen, e in questo non è smentito dalla Commissione europea. Di fatto, tuttavia, sta facendo qualcosa che somiglia molto a un blocco, e – più grave ancora – a un’espulsione collettiva attuata sulla base di una identificazione «prima facie» dei profughi che manifestano l’intenzione di andare in Francia, per restarvi o recarsi in altri paesi dell’Unione. Le autorità francesi hanno attuato un respingimento fisico, sommario, senza notificare alcun provvedimento formale, senza procedere a un esame individuale delle istanze, né dare possibilità di ricorso ai respinti. Le forze dell’ordine hanno, letteralmente, fatto muro, ripristinando la frontiera. Non è il muro vero e proprio che  il governo ungherese sta costruendo contro i migranti provenienti dalla Serbia, ma lo spirito della fortezza è lo stesso.

L’Europa si è data tuttavia delle regole – ben più salde e costitutive della gabbia tracciata dal Regolamento di Dublino – ed è a queste regole che occorre richiamarsi, perché senza di esse è il significato dell’Unione ad essere colpito.  Il governo francese viola sia l’articolo 19 della Carta dei diritti fondamentali, sia la Convenzione europea dei diritti dell’uomo (Protocollo n. 4 art. 4), ignorando il divieto dei respingimenti collettivi.

“Chiedete perdono per le istituzioni e le persone che chiudono le loro porte a gente che cerca aiuto e cerca di essere custodita”, ha chiesto il Papa, durante l’udienza generale a San Pietro. Non è indifferente che abbia nominato per prime le istituzioni: sono le istituzioni, infatti, le prime a dover rispondere.

Abbiamo visto, in questi giorni, gli innumerevoli gesti di solidarietà di cittadini italiani e francesi, persino bambini, che continuano a portare cibo e vestiti ai profughi accampati alla frontiera o sugli scogli di Ponte San Ludovico. Ma non abbiamo visto la solidarietà degli Stati. Dobbiamo essere consapevoli di quanto questo sia gravido di conseguenze, perché la solidarietà tra Stati membri – anche finanziaria – è iscritta nei Trattati: dimentica della solidarietà, l’Europa è un guscio che non contiene più nulla.

barbara spinelli

A proposito dei documenti riservati dell’Unione rivelati da Wikileaks

di mercoledì, Maggio 27, 2015 0 , , , , Permalink

COMUNICATO STAMPA

Bruxelles, 27 maggio 2015.
Seduta plenaria del Parlamento europeo

Discussione su Aiuti allo sviluppo dell’UE all’Eritrea alla luce delle comprovate violazioni dei diritti umani, alla presenza del Commissario alla Cooperazione internazionale e allo sviluppo Neven Mimica

Intervento di Barbara Spinelli (Gue-Ngl)

Ormai son chiari, grazie a Wikileaks, i modi in cui l’Unione vuol fermare i migranti in fuga. Leggo un brano: “L’uso della forza deve essere ammesso specie durante l’imbarco, e quando si opera sulla terra o presso coste non sicure”. Contemporaneamente, si sostengono economicamente le dittature dei Paesi d’origine – Eritrea per prima, con 320 milioni di euro – sperando di fermare l’esodo. L’anno scorso sono circolati falsi rapporti (in Italia, in Danimarca) sul miglioramento dei diritti umani a Asmara: tutti rapporti confutati dalle opposizioni.

Signor Commissario Mimica, La prego di mettersi nella pelle del profugo. Leggendo rapporti e documenti, il fuggitivo farà il collegamento: si dirà che l’Europa o l’intrappola in campi libici, o lo consegna all’Isis e ai trafficanti che pretende combattere, o lo restituisce al dittatore eritreo Isaias Afewerki. Non so come si senta Lei. So come si sentono gli esseri umani condannati a sbattere contro i muri che l‘Europa ha deciso di spostare a Sud, lontano da sé.

 

Appello di Rete della Pace: no all’operazione militare sulle coste della Libia

COMUNICATO STAMPA

Bruxelles, 26 maggio 2015

Barbara Spinelli denuncia la decisione dei ministri degli Esteri e della Difesa dell’Unione europea di avviare un’operazione militare a guida italiana sulle coste libiche e in acque internazionali. Per questo sottoscrive e fa proprio l’appello del coordinamento della Rete della Pace in cui vien detto a chiare lettere che non solo tale operazione, ponendosi al di fuori del diritto internazionale, è equiparabile a un atto di pirateria, ma che viola il trattato di Lisbona.

Viola per la precisione l’art. 2 TUE sui diritti, l’art. 3.5 TUE sugli obiettivi, l’art. 36 TUE sulla consultazione del Parlamento europeo, l’art. 40 TUE sul ruolo delle istituzioni, l’art. 41.3 TUE per quanto riguarda la consultazione del Parlamento europeo per spese in materia di operazioni PESC, l’art. 78 TFUE per quanto riguarda i poteri del Parlamento europeo in materia di asilo, l’art. l 79.4 TFUE per quanto riguarda il ruolo del Parlamento europeo nella lotta alla tratta degli esseri umani.

In considerazione delle violazioni che riguardano anche il principio di non-respingimento e il diritto stesso alla vita, Barbara Spinelli si associa alla richiesta rivolta al Parlamento Europeo di portare il Consiglio dell’Unione Europea davanti alla Corte di Giustizia Europea.

Il contrasto agli scafisti e ai trafficanti di vite umane – ribadisce l’eurodeputata del Gue-Ngl – non può privare le persone del diritto di fuggire da guerre di cui anche l’Unione europea è responsabile. Per questo devono essere garantiti immediatamente corridoi umanitari assistiti lungo tutte le vie di fuga dalle zone di guerra.

Con eguale convinzione, Barbara Spinelli appoggia la richiesta rivolta al Parlamento italiano perché neghi il proprio accordo a quello che si configura come un atto di guerra. «È qui in gioco il rispetto dell’articolo 11 della Costituzione italiana, non solo per la parte riguardante il ripudio della guerra come strumento di offesa alla libertà degli altri popoli», afferma l’eurodeputata del Gue-Ngl, «ma per la parte in cui si delega sovranità alle istituzioni internazionali alleate allo scopo ben specificato di ottenere “pace e giustizia”. Dove stanno, qui, pace e giustizia? Si interviene per intrappolare i fuggitivi nei campi di detenzione libici – risaputa fonte di lucro per quegli stessi trafficanti che si vorrebbe debellare – allo scopo di spostare le mura della Fortezza Europa oltre il mare, in Paesi dove non si ha alcuna garanzia sul rispetto dei diritti umani, rendendo carta straccia il concetto stesso di diritto d’asilo».

Pieno appoggio, da parte di Barbara Spinelli, alla manifestazione “Fermiamo le stragi subito” indetta per il 20 giugno.

Testo dell’appello Rete della Pace


Per approfondimenti:

Wikileaks: EU plan for military intervention against “refugee boats” in Libya and the Mediterranean

 

Interrogazione sull’uso della forza nel prelievo delle impronte dei migranti a Pozzallo e Lampedusa

COMUNICATO STAMPA

Bruxelles, 13 maggio 2015

L’eurodeputata Barbara Spinelli ha depositato un’interrogazione alla Commissione in cui – congiuntamente ai colleghi Elly Schlein, Laura Ferrara, Ignazio Corrao, Eleonora Forenza e Curzio Maltese – chiede chiarimenti sulle violenze subite da numerosi richiedenti asilo nei centri di primo soccorso e accoglienza di Lampedusa e Pozzallo.

Con particolare riferimento al Centro di primo soccorso e accoglienza di Pozzallo, fonti diverse e concordanti documentano l’uso illegittimo della forza per costringere i migranti, anche minori, all’identificazione attraverso il prelievo delle impronte digitali in violazione delle salvaguardie previste dalla Convenzione europea dei diritti dell’uomo e dalla Convenzione delle Nazioni Unite sui diritti del fanciullo. Vari cittadini stranieri, anche minori, hanno dichiarato di aver subito percosse con manganelli elettrici.

Gli eurodeputati chiedono alla Commissione di indagare sugli avvenimenti di questi giorni e valutare se ciò che continua a registrarsi a Lampedusa e a Pozzallo non violi l’art. 4 della Carta dei Diritti Fondamentali dell’Unione Europea, gli art.3 e 5.4 della CEDU, l’art. 14 (b), 17 e 19 della Direttiva 2003/9/CE detta di “Accoglienza” e l’art. 8 del Regolamento n. 2725/2000 detto “Eurodac”.


Si veda anche:
Migranti, denuncia all’Europarlamento: “A Pozzallo maltrattati i minori”

Immigrazione: idee e parole sbagliate, si perdono tempo e vite

Intervista di Stefano Citati, «Il Fatto Quotidiano», 13 maggio 2015

Le richieste fatte all’Onu da Federica Mogherini sull’emergenza immigrazione verranno soddisfatte?
Ho forti dubbi che venga approvata una risoluzione in tal senso; e Gentiloni e Mogherini paiono troppo sicuri dell’appoggio di Russia e Cina nel Consiglio di Sicurezza. E poi, come ha giustamente ricordato Mattarella, ci vuole l’accordo dei libici, che sono parecchio arrabbiati perché dicono di non esser stati consultati. E anche il segretario Onu Ban Ki-moon si era detto contrario all’uso della forza: una scelta – preconizzata dall’Agenda predisposta dalla Commissione – che per me rimane sciagurata.

In questi giorni si gioca con le parole, i distinguo sui termini: l’operazione militare di cui parlò Renzi è divenuta una “operazione navale” nelle dichiarazioni della Mogherini.
Al di là delle sfumature, nell’Agenda si parla di un’“operazione di distruzione”; quella che con Mare Nostrum era una missione di Search & Rescue (ricerca e soccorso) è ora un Search & Destroy (cerca e distruggi): è scritto nero su bianco il proposito di distruggere le barche dei presunti trafficanti, addirittura all’interno delle acque territoriali libiche. Ma come capire a chi appartengono i barconi? Possono essere pescherecci usati occasionalmente per altri scopi.

Continua a leggere